Papa,
Il y a 23 ans aujourd'hui que tu nous quittais, maman et moi, pour ne jamais revenir.
Je n'ai jamais eu l'occasion de te revoir alors que, pourtant, je t'avais dis ce soir là "bonsoir, à demain papa". Je n'ai pas eu l'occasion de te poser toutes ces questions qui m'auraient permis de comprendre, quel mal te rongeait, pourquoi la vie était devenue si sombre, si dure et tellement triste que tu as préféré laisser tomber et passer dans un autre monde où nous ne sommes pas près de toi.
Etais-ce de ma faute ? Ma présence t'était elle si difficile ? N'étais-je pas celui que tu espèrais avec tant de force ?
Pourquoi pensais tu que tu ne serai jamais un bon père alors que tu étais un papa formidable ?
Pourquoi croyais tu que nous serions plus heureux sans toi ?
Quel poids avais tu sur les épaules pour que la vie t'écrase à ce point et en si peu de temps ?
Je l'ignore et pourtant Dieu sait que j'aurai voulu le savoir et le comprendre.
Tu avais peut-être oublié une chose : mourrir pour des idées ou un travail, c'est beau et louable.
Mais je crois qu'il est encore plus beau de vivre pour voir grandir un enfant, d'autant plus quand on l'a tellement voulu et même souffert pour qu'il soit là.
Je voudrai refaire la route du temps à l'envers et regarder mieux, savourer plus les choses et faire des souvenirs beaux et colorés. Oublier ce soir si difficile où tu es parti, mettre de la lumière sur ces zones d'ombres d'où naissent les peurs, les angoisses et l'auto-destruction.
D'abord, j'ai fais le fort, celui que ton absence ne dérangeait pas et pour qui la vie continuait, sans que rien ni personne ne vienne le perturber. Celui qui s'en fout et que rien ne touche. Mais au fond de moi, j'ai toujours saigné. Une partie de mon coeur est partie en même temps que toi, dans les eaux troubles et glacées d'une rivière que j'ai eu tant de mal à regarder pendant si longtemps. Mon enfance s'est aussi arrêtée ce soir là, comment rester innocent et tranquille quand la mort a décidé de s'inviter chez vous et de vous prendre un des vôtres ?
Ensuite il y
a eu la colère et l'incompréhension. J'ai cherché les morceaux de ce puzzle où je n'avais pas choisi l'image et certainement pas le modèle. Une colère froide, qui cherche à percçer dès qu'elle le peut. Celle qui vous ronge dès le matin et vous empêche encore de dormir le soir. Quand elle ne vous réveille pas la nuit aussi.Tout ça parce que je voulais savoir une simple chose : pourquoi.
Au jour d'aujourd'hui, je ne cherche plus la réponse, je sais que je ne l'aurai jamais. Mais il reste tant de questions et de doutes que, même après tant de temps, la blessure est encore là avec son lot de douleurs et de peurs qui m'ont tellement souvent faît pêter les plombs.
Car, ça m'a fait mal. Dans mon coeur mais aussi jusque dans ma tête et dans mon corps, ton absence m'a fait souffrir, rongé, détruit. Je voulais être comme toi, papa, mais comment fait-on quand on n'a plus cette référence pourtant si importante ? On la cherche, on l'invente, on la devine, on fait comme si,...
Car, toi l'homme que j'ai si peu connu, celui que j'ai reconstruit avec les petits bouts d'images que l'on a bien voulu me donner, cet homme qui m'as voulut et qui pourtant m'as laissé, he oui, tu me manques encore souvent. On ne vit pas très heureux quand on se croit coupable de la mort de son père... car c'est ce que j'ai longtemps cru. Encore bien souvent, tu viens hanter mes nuits et mes angoisses. Je rêve de te parler, de te toucher, de lire ton regard...
Mais tu ne seras plus jamais là. C'est alors que j'apprend, jour après jour, le métier de "papa" que tes réflexions et ta présence me manque. C'est vrai, j'aurai tant aimé que tu vois comment je me débrouille pour pouvoir moi aussi "faire comme papa"...

Saches que, tant que je vivrai, je ne pourrai m'empêcher de penser à toi et ça, quelque part, ça t'empêchera de disparaitre complètement. C'est la dernière chose que je peux faire encore pour que tu sois là, toi, papa.
J'espère que d'où tu es, tu me regardes de temps en temps, en souriant dans ta barbe qui doit être bien blanche maintenant, et en te disant que t'as vraiment fait une connerie. Mais que t'es quand même fier de ce petit bonhomme qui est tellement perdu sans toi...
Je t'aime,
Ton fils
à Réné Halleux,
07-03-1949 - 11-07-1986
Il y a 23 ans aujourd'hui que tu nous quittais, maman et moi, pour ne jamais revenir.
Je n'ai jamais eu l'occasion de te revoir alors que, pourtant, je t'avais dis ce soir là "bonsoir, à demain papa". Je n'ai pas eu l'occasion de te poser toutes ces questions qui m'auraient permis de comprendre, quel mal te rongeait, pourquoi la vie était devenue si sombre, si dure et tellement triste que tu as préféré laisser tomber et passer dans un autre monde où nous ne sommes pas près de toi.

Pourquoi pensais tu que tu ne serai jamais un bon père alors que tu étais un papa formidable ?
Pourquoi croyais tu que nous serions plus heureux sans toi ?
Quel poids avais tu sur les épaules pour que la vie t'écrase à ce point et en si peu de temps ?
Je l'ignore et pourtant Dieu sait que j'aurai voulu le savoir et le comprendre.
Tu avais peut-être oublié une chose : mourrir pour des idées ou un travail, c'est beau et louable.
Mais je crois qu'il est encore plus beau de vivre pour voir grandir un enfant, d'autant plus quand on l'a tellement voulu et même souffert pour qu'il soit là.
Je voudrai refaire la route du temps à l'envers et regarder mieux, savourer plus les choses et faire des souvenirs beaux et colorés. Oublier ce soir si difficile où tu es parti, mettre de la lumière sur ces zones d'ombres d'où naissent les peurs, les angoisses et l'auto-destruction.
D'abord, j'ai fais le fort, celui que ton absence ne dérangeait pas et pour qui la vie continuait, sans que rien ni personne ne vienne le perturber. Celui qui s'en fout et que rien ne touche. Mais au fond de moi, j'ai toujours saigné. Une partie de mon coeur est partie en même temps que toi, dans les eaux troubles et glacées d'une rivière que j'ai eu tant de mal à regarder pendant si longtemps. Mon enfance s'est aussi arrêtée ce soir là, comment rester innocent et tranquille quand la mort a décidé de s'inviter chez vous et de vous prendre un des vôtres ?
Ensuite il y

Au jour d'aujourd'hui, je ne cherche plus la réponse, je sais que je ne l'aurai jamais. Mais il reste tant de questions et de doutes que, même après tant de temps, la blessure est encore là avec son lot de douleurs et de peurs qui m'ont tellement souvent faît pêter les plombs.
Car, ça m'a fait mal. Dans mon coeur mais aussi jusque dans ma tête et dans mon corps, ton absence m'a fait souffrir, rongé, détruit. Je voulais être comme toi, papa, mais comment fait-on quand on n'a plus cette référence pourtant si importante ? On la cherche, on l'invente, on la devine, on fait comme si,...
Car, toi l'homme que j'ai si peu connu, celui que j'ai reconstruit avec les petits bouts d'images que l'on a bien voulu me donner, cet homme qui m'as voulut et qui pourtant m'as laissé, he oui, tu me manques encore souvent. On ne vit pas très heureux quand on se croit coupable de la mort de son père... car c'est ce que j'ai longtemps cru. Encore bien souvent, tu viens hanter mes nuits et mes angoisses. Je rêve de te parler, de te toucher, de lire ton regard...
Mais tu ne seras plus jamais là. C'est alors que j'apprend, jour après jour, le métier de "papa" que tes réflexions et ta présence me manque. C'est vrai, j'aurai tant aimé que tu vois comment je me débrouille pour pouvoir moi aussi "faire comme papa"...

Saches que, tant que je vivrai, je ne pourrai m'empêcher de penser à toi et ça, quelque part, ça t'empêchera de disparaitre complètement. C'est la dernière chose que je peux faire encore pour que tu sois là, toi, papa.
J'espère que d'où tu es, tu me regardes de temps en temps, en souriant dans ta barbe qui doit être bien blanche maintenant, et en te disant que t'as vraiment fait une connerie. Mais que t'es quand même fier de ce petit bonhomme qui est tellement perdu sans toi...
Je t'aime,
Ton fils
à Réné Halleux,
07-03-1949 - 11-07-1986
C'est un texte magnifique et tres touchant
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