20.7.09

Maman

Maman,

Je veux juste, par cette petite bafouille, te rendre hommage.

Avant que je ne sois là, tu m'aimais déjà, tu m'as voulu et tu m'as attendu si longtemps. Tu as même cru que je ne serai jamais là.

Quand je suis né, tu m'as entouré d'amour et tu m'as aider à grandir.

Plus tard, quand ma santé a commencé à être fragile, tu as toujours été là pour faire ce qu'il fallait pour que je guérisse et que j'ai le moins mal possible. Tu as été mon guide pendant mes premières années et tu m'as appris bien plus qu'à marcher dans cette vie. Tu m'as donné mes premiers instants de bonheur et tu m'as montré ce qu'était ce sentiment si courant mais pourtant si important qu'est l'amour d'une maman pour un enfant.

Tu as été l'intermédiaire entre moi et papa, celle qui a permis d'éviter qu'il ne tombe et qui m'as permis à moi d'avancer. Tu as su être là pour tous les 2, donnant autant d'amour que ton coeur pouvait en donner et, même si tu avais peur au fond de toi, tu n'as jamais cédé. Tu as vécu des situations tellement diffciles et pourtant avec tant de dignité et de force, sans jamais te laisser emporté et en pensant toujours aux tiens. Car je sais que ce mot à un sens pour toi, c'est toi qui me l'as appris.

A la disparition de papa, tu t'es montrée forte malgré cette douleur immense qui avait envahie ton coeur. Tu as encaissé les coups ensuite pour que je ne les prennes pas et tu as su me préserver de la bétise et de la rancoeur d'une famille qui nous abandonnait, elle aussi. Tu t'es occupé de tout pour lui sans me laisser de côté. Car toi, tu ne m'as jamais laissé tombé dans ces moments-là.

Ta peine, même si tu ne l'as jamais exprimée vraiment et laissé sortir devant moi, je la savais, je la sentais dans mon petit coeur de gosse. Et même si tu as tout fait pour que je ne me tracasse pas, la peur de te perdre était là, encore sans doute plus forte que pour papa.

Tu m'as aimé pour 2 mais tu ne pouvais pas me faire oublier la place de papa dans mon coeur et dans ma tête. Et même si tu ne me l'as jamais dis à cette époque, je sais que ça a été très dur pour toi aussi de trouver la force de continuer à vivre sans lui.

Tu as pris cette épreuve de front, sans te plaindre et sans jamais faiblir. Qui donc pourrait à présent t'en vouloir de t'être enfermée et de t'être éloignée de ce monde qui ne te plaisait plus et qui te semblait vain, pour toi-même en tout cas ?

C'est vrai, nous nous sommes éloigné pour ne pas nous faire mal. Nous étions comme 2 grands brûlés qui veulent se prendre dans les bras mais qui savent que la douleur sera trop grande. Le silence est devenu notre compagnon à tous les 2 et, même si nous nous sommes toujours beaucoup aimé, nous ne nous sommes pas toujours compris. Chacun a fait ce qu'il a pu et il y a eu des moments où nous nous sommes perdu.
C'est vrai, je m'en suis voulu de te voir aller mal et je t'en ai voulu durement aussi de te détruire ainsi, pour un motif qui me semblait certes important mais pas à ce point-là. Je m'en suis pris à toi car je ne comprennais pas. Les reproches ont été durs, violents et sans prendre de gants. Je n'avais pas compris que tu avais une autre sensibilité et surtout un autre passé que le mien.

Plus tard, quand j'ai grandi, nous savions cet amour fort mais il a été mis tant de fois à l'épreuve et il y a eu des moments très difficiles pour chacun. Tu as toujours pu compter sur moi et j'ai toujours pu compter sur toi aussi quand ça devenait compliqué ou difficile pour moi.

Sans jamais me le reprocher, avec cette discrétion et cette "touche" qui t'es vraiment propre, tu as su m'amener là où j'étais en sécurité, quitte à te mettre toi en danger. Même quand j'ai touché le fond, la dernière qui venait me voir dans ma chambre, c'était toi.

C'est ton sang qui coule dans mes veines mais c'est surtout ton caractère dont j'ai hérité. Et c'est un superbe cadeau que tu m'as fait. Je dis souvent qu'une partie de mon coeur est partie avec papa mais le reste a continué à battre parfois grâce à toi, parfois pour toi.

Maintenant, c'est vrai, nos rapports ont changés. Nous nous sommes parlé, loguement. Nous avons mis sur la table ces colliers d'épines que nous portions tous les 2 et nous nous y sommes attaqués, ensemble. Bien des démons se sont envolés maintenant.
Cependant, tu n'es plus le centre de mon univers et je dois me débrouiller avec ma propre famille. Mais je sais que l'amour et ce lien qui nous lie sera toujours là, unique.

Il est temps maintenant que tu prennes le temps pour toi aussi, maman. Que tu prennes un peu soin de toi, toi qui as toujours vécu pour les autres et leurs problèmes, t'oubliant complètement même parfois. Tu as des épaules très fortes et une grande résistance mais il est temps de te décharger un peu sinon tu ne tiendras pas. Aucune personne ne peu indéfiniment supporter tant de pression, tu es super mais pas Superwoman.

Ecoute ce que ton corps te dis, il est fatigué et il voudrait soufler un peu. Te voir courrir un peu moins et te donner du bon temps. Et ton coeur voudrait que tu l'appaise et que tu puisse vivre heureuse, enfin. Il est temps que tu acceptes ce "gros" mot (en tout cas à tes yeux) : Profite ! Tu l'as bien mérité, fais le maintenant.

Et ne te tracasse plus pour moi. Tu peux être fière de ce que tu as accompli finalement, tu auras répandu tant d'amour autour de toi qu'il est temps qu'il t'en reviennes un peu autant.

Tu peux ne pas m'écouter, tu le pourrais, c'est vrai. Mais j'espère que tu le feras, ma petite maman, car je voudrai vraiment encore passer tant de beaux moments avec toi, nous avons perdu tant de temps, nous 2... tu sais ce que je veux dire par là.

Finalement, je voulais juste te dédier ces quelques mots pour te dire à quel point je t'aime et à quel point je tiens à toi.

Gros bisous !

1 commentaire:

  1. Cette "petite bafouille" comme tu l'appelles est magnifique! Pleine d'emotion et de sentiments et en même temps quand on connait un peu ta maman, on la reconnait parfaitement dans ces lignes.
    Fais lui de gros bisous pour moi

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